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Henri Leclerc (1934-2024)

Avec la disparition d'Henri Leclerc, né à Saint-Sulpice-Laurière il y a 90 ans, nous perdons un grand avocat, un grand humaniste et un véritable amoureux de cette commune située comme il le disait entre le bois des Echelles et "la montagne de Gaudeix" sur laquelle il aimait tant voir le soleil se lever.

Le conseil municipal de Saint-Sulpice-Laurière adresse à ses filles, à toute sa famille ainsi qu'à ses proches, ses condoléances les plus sincères et les plus émues.

Adieu Maitre, adieu Henri.

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« La disparition d’Henri Leclerc, avocat géant du Barreau et inlassable défenseur des droits et libertés, laisse un vide immense. Sa voix si chaude qui lui a tant servi pour plaider et convaincre était l’illustration de sa profonde humanité. Elle résonnera longtemps encore dans nos cœurs.

 

Henri a été tout au long de sa vie un homme de conviction engagé, avec pour véritable obsession la recherche de la justice. Il n’a ainsi eu de cesse de combattre toutes les injustices, celles qui frappent particulièrement les étrangers ou les personnes les plus défavorisées. Il a défendu les Basques, les Corses ou les Bretons, et aussi des Guadeloupéens, des Algériens, des Marocains, des Arméniens ou des Iraniens. À plusieurs reprises, il a plaidé en faveur d’accusés auxquels il a permis d’échapper à la peine de mort, au risque d’être personnellement victime des violences d’une foule hostile, comme dans l’affaire Richard Roman poursuivi pour le meurtre d’une fillette et dont il obtiendra finalement l’acquittement. « Les défendre tous » était sa devise, avec la conviction que chaque individu, aussi abominables que puissent être les actes reprochés, comporte une part d’humanité.

 

En pleine harmonie avec les valeurs de la profession d’avocat, dont il a été l’un des hérauts pendant plus de 65 ans, Henri Leclerc a été un militant de la défense des libertés, s’insurgeant contre toutes les atteintes portées à l’état de droit et à la démocratie par des lois sécuritaires liberticides, ou des législations d’exception prises prétendument au nom de la lutte antiterroriste. Membre de la Ligue française des droits de l’Homme (LDH), il en a été le président pendant cinq ans, de 1995 à 2000, et est demeuré un président d’honneur très actif au sein de cette association à laquelle il était viscéralement attaché.

 

Henri, au travers de cette appartenance, a aussi été étroitement associé à de nombreux combats communs avec la Fédération internationale des droits humains (FIDH). Très proche de Michel Blum, qui en a été le secrétaire général, puis le président, il a ainsi effectué diverses interventions et missions pour la FIDH. Engagé dès sa jeunesse aux côtés des partisan·es de l’indépendance de l’Algérie, il a sans relâche dénoncé les excès et les résurgences du colonialisme, soutenant notamment les droits des Palestiniens pour qu’il soit mis un terme à la colonisation et à l’occupation de leurs territoires par les Israéliens. Il a encore été l’un des meilleurs porte-paroles du combat pour l’abolition de la peine de mort, ou pour l’accueil des immigrés et demandeurs d’asile contraints de quitter leur pays. Ces quelques exemples n’ont rien d’exhaustif par rapport à la multiplicité de ses engagements.

 

L’humanisme sincère et profond d’Henri Leclerc faisait de lui un véritable citoyen du monde dont la vie tout entière a été guidée par le respect des principes de la Déclaration universelle des Droits de l’homme : la liberté antinomique de l’arbitraire, l’égalité ennemie de la pauvreté et synonyme de dignité, la fraternité exclusive du racisme et des discriminations. Henri a toujours dit s’interroger sur ce qu’était la justice, et il a surtout contribué à apporter lui-même une réponse en accomplissant le parcours d’un homme juste. »

 

Patrick Baudouin, avocat - Président d’honneur de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) et de la FIDH.